J'ai testé pour vous : la validation des compétences Tuteur·trice

25 octobre 2017

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Nous vous avons déjà parlé de la validation des compétences.  Ce processus vous permet d’obtenir, via une épreuve de mise en situation, un titre attestant de votre compétence dans une partie de métier ou une fonction.  Dans le non marchand, différents métiers ou fonctions sont disponibles comme : aide-ménager·ère, les métiers de la régie, ou encore tuteur·trice.

La validation peut être utilisée comme un outil de gestion de compétences.

Pour pouvoir vous informer au mieux du processus, je l’ai testé !  Je me suis lancé dans la validation de compétences pour la fonction de tuteur.  A travers ce récit d’expérience, je relate toutes les étapes, leur timing et leur durée, ainsi que leur mise en œuvre.  Bref, une immersion complète depuis les premiers contacts d’information jusqu’à l’épreuve.

Ceci vous permettra de pouvoir informer un·e collègue qui vous interrogerait sur son fonctionnement et de connaitre concrètement ce qu’implique sa mise en œuvre.

Prise d’information ; le 4 août 2017 ; durée : 1h

Je me suis rendu sur le site du CVDC pour y lire des informations sur le processus.  Le site est globalement lisible et les informations compréhensibles par tous·tes, sachant qu’il s’adresse à un public principalement ouvrier (vu les titres proposés) et toutes les personnes relais au sein des entreprises où exercent ces travailleur·euse·s.  J’y ai identifié les centres (11) dans lesquels le titre pouvait être acquis.

Les vidéos permettent d’avoir des témoignages audio éclairants.

Contact avec les centres ; le 4 août 2017 ; durée : 1 h

J’ai pris contact avec 3 centres, en fonction de leur accessibilité géographique.  J’ai d’abord tenté de leur téléphoner.  J’ai n'ai pas eu une réponse.  Circonstance atténuante : ce sont les vacances.

J’ai donc eu une conversation avec le centre «coach » de Gosselies, lié au secteur de la coiffure.  La dame m’y a donné des informations quant à la procédure.  Elle a souligné que la fonction était transversale et que je pouvais donc passer l’épreuve sans aucun souci chez eux.  Mais, elle m’a conseillé de prendre contact avec un centre plus proche de chez moi, à Bruxelles.

J’ai envoyé un mail au centre Ifapme de Charleroi et au SFPME à Bruxelles.

La personne de contact validation du SFPME m’a rappelé à son retour de vacances le 9 août.

Contact professionnel et pédagogique durant lequel elle m’explique la procédure dans son entièreté. Il y a des épreuves tous les mardis.  La guidance se fait en entreprise par deux formatrices du SFPME.  Sa durée dépend de l’expérience des candidat·e·s et peut être directement couplée à une remise à jour d’un certain nombre de compétences. Un message est envoyé en direct à ces deux formatrices pour indiquer mon intérêt.  Une d’elles me recontactera pour fixer le moment de la guidance.

Préparation de l'épreuve, du 10 au 15/08 ; durée : 5 heures

Lecture de différents documents pour remettre à jour les connaissances, mettre en perspective mon expérience et les prescriptions données suite aux recherches du Fonds MAE ; préparation de la guidance en réunissant différentes questions.

Guidance, le 1er septembre 2017 ; durée : 2 heures

Après différents échanges de messages sur nos répondeurs de téléphone mobile, je rencontre la déléguée à la tutelle du SFPME.  La personne se déplace dans les bureaux de l’APEF.

Durant cette discussion, sur le style récit de vie, j’expose ma motivation à passer l’épreuve mais aussi l’expérience acquise.  Nous parcourons un outil pédagogique conçu dans le cadre de la formation « Tutorat » donnée par le SFPME.

Celui-ci regroupe différents étapes du tutorat (accueil, relation entre le tuteur et l’apprenant, différentes étapes de l’apprentissage) ainsi que des outils pour les mettre en place (DESC, assertivité, styles sociaux).

Elle m’explique aussi comment concrètement l’épreuve sera mise en œuvre.

Au bout de deux heures, le délégué me considère apte à passer l’épreuve, sans avoir à passer par un processus de formation.  Le SFPME met en effet en place un module « tuteur » de deux jours.

Confirmation de l’inscription

J’ai reçu le 11 septembre un courrier du SFPME me demandant de confirmer, par courrier ou courriel, mon inscription à l’épreuve.  Celle-ci est fixée en date du 17 octobre 2017, de 9h30 à 11h30.

Des épreuves ont lieu tous les mardis, 3 personnes pouvant passer l’épreuve par semaine.  Le délai d’attente est de plus ou moins un mois.

Préparation de l’épreuve (bis), 10 octobre ; durée : 2 heures

Différents éléments de présentation de mon cadre de travail me sont demandés (type de tutorat pratiqué, organigramme, public, statut de la structure…).

Un courriel de confirmation me rappelle la tenue de l’épreuve.  Me sont envoyés :

  • le référentiel du métier de tuteur

  • le ROI concernant l’épreuve

  • une charte éthique de la validation

  • un rappel des modalités de l’épreuve.

Je prépare une séquence d’apprentissage de 15 minutes.

Passage de l’épreuve, 17 octobre ; durée : 1h50 et 15 minutes de débriefing

L’épreuve se déroule dans les locaux du Centre de validation des compétences du Tuteur en entreprise (Rue des Palais, 42 à 1030 Bruxelles). 

L’épreuve contient cinq étapes :

  • une interview critériée, à travers 6 questions (20 minutes)

  • une mise en situation simulant la première rencontre avec un stagiaire (10 minutes de préparation et 20 minutes de jeu de rôle)

  • une mise en situation simulant une séquence d’apprentissage (15 minutes)

  • une mise en situation de reporting (10 minutes de préparation et 20 minutes de jeu de rôle) : à partir d’une grille d’évaluation mettant en avant des points forts, des points faibles et des points à améliorer, faire un feed back à mi-parcours à un stagiaire

  • un questionnaire à choix multiples (15 minutes)

L’épreuve s’est tenue à un rythme soutenu dans un cadre bienveillant.  Il y avait un examinateur qui menait l’épreuve et un observateur.

Les mises en situation se font avec un travailleur du SFPME.

Les résultats sont énoncés dans la foulée de l’épreuve après un débriefing entre les examinateurs.

Un débriefing mettant en avant les points forts et des points d’attention à lieu.

Retour d’expérience

Ma pratique de la validation a quelque chose de factice car elle n’était motivée que par le fait d’expérimenter pour relater.  La partie sur la construction d’une identité professionnelle, d’une reconnaissance par la structure est totalement absente[1].

Néanmoins, je me permets de souligner quelques points forts et quelques faiblesses.

Points forts :

  • Un suivi administratif de qualité tout au long de la procédure. 

    Mes interpellations dans les centres de validation ont reçu une réponse.  Les différents contacts ont été très professionnels avec une communication précise, tant auprès du secrétariat que du délégué à la tutelle que du jury.
  • La guidance : effectuée au sein de l’entreprise, dans un délai rapide.  Le format récit de vie permet un échange authentique.
  • La guidance (bis) : le manuel de « tuteur » permet de réactiver certaines compétences qui m’ont été bien utiles au moment d’accueillir Meryem, la stagiaire qui passera une année à l’APEF.
  • Le focus sur la compétence : si une expérience certaine est demandée, c’est surtout la capacité à mettre en œuvre qui est validée.  Mon expérience en tant que tuteur n’est pas étendue.  Cependant, grâce à des expériences connexes (mise en place de plan de formation, gestion de compétences, gestion de projet), des compétences comme la mise en place de plan d’actions d’apprentissage, l’identification de besoins de compétences ou encore la pratique de l’évaluation.

Points à améliorer :

  • L’information sur la valorisation du titre au moment de la guidance : la motivation est peu abordée.  Il y a donc peu d’information quant à la valorisation possible du titre et la question « Somme toute, cette validation va-t-elle être utile ? » ne trouve pas de réponse.
  • Le questionnaire à choix multiple dans l’épreuve : la formulation des questions et des différentes possibilités de réponses manque de clarté. 

 


[1] Une évaluation du processus met en avant différents éléments positifs pour le travailleur :

  • Renforcement de l’estime de soi, du sentiment d’efficacité et de l’identité professionnelle : ces trois réalités sont étroitement liées et caractérisent la façon dont l’individu se positionne dans son entourage professionnel et y confronte ses propres valeurs.
  • Reconnaissance officielle des compétences professionnelles
  • Preuve des compétences face à un employeur 
  • Amélioration de la mobilité, notamment lors de rupture dans la carrière professionnelle
  • Accès et dispenses lors d’un parcours de formation professionnelle 
  • Reconnaissance par autrui