Retour sur l’atelier « Le récit de vie au service de votre institution »

1 février 2022

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Le récit de vie est un outil qui peut être précieux pour conserver la mémoire d’une institution ; de son histoire ou de la manière dont certains métiers sont exercés… Une approche qui peut être particulièrement utile pour assurer la transition entre des travailleur·euse·s !

Competentia a organisé, le 19 novembre dernier, un atelier d'une matinée animé par la docteure en psychologie Marichela Vargas[1].

Parmi les participant·e·s, issu·e·s de différents secteurs du non marchand, certain·es ont témoigné de leur difficulté de reprendre un poste unique pour lequel aucune « histoire » n’avait été retranscrite.

D’autres étaient intéressé·es par la valorisation de certaines fonctions ou étaient à la recherche d’« outils de témoignage » pour la transmission de l’histoire de l’institution.

Faciliter la transmission de savoirs

Cet atelier est né d’un projet mené par Competentia et le Cerso à propos de la transition entre 2 travailleurs dans le cadre d’une fonction unique.

L’objectif de ce projet était de proposer  une approche théorique de la question, basée sur une enquête de terrain, ainsi que des outils pour le soutenir dans cette transition.

L’étude du Cerso a mis en lumière que, quand un·e travailleur·euse part sans que son vécu ait été « entendu », les asbl et institutions risquent de perdre des informations utiles à leur fonctionnement.

C’est encore plus vrai pour les « fonctions uniques », lorsqu’un·e travailleur·euse occupe seul·e un poste (comptable, cuisinière ou direction…).

Un récit de vie « métier » peut permettre de garder en mémoire la manière dont une personne exerce son métier. Lors de son remplacement, cela permettra d’identifier clairement son périmètre d’action, les compétences utiles ou encore les interactions avec d’autres métiers.

Un autre avantage de ce type de récit de vie est de mieux faire (re)connaitre au reste de l’institution l’apport de ce métier dans son fonctionnement.

Le récit de vie institutionnel, un enrichissement mutuel

Marichela Vargas a développé les spécificités et points forts d’un « récit de vie institutionnel ». Il s’agit d’un récit de vie à travers lequel un·e travailleur·euse raconte l’histoire de son institution ou de sa fonction au travers de son vécu professionnel, dans la perspective de partager ce récit au sein de l’institution.

C’est évidemment une histoire humaine, donc subjective. L’exercice demande cependant d’essayer de « sortir » de son histoire individuelle pour la positionner dans l’histoire de l’institution.

Le récit de vie institutionnel :

  • vise à pérenniser une meilleure connaissance du métier et/ou de l’institution à travers la transmission d’information, de témoignages... ;
  • est une méthode d’intervention qui vise à apporter des changements positifs tant au niveau personnel qu’institutionnel ;
  • est une approche où le processus compte autant que le résultat car ils se nourrissent mutuellement.

C’est un outil précieux pour la construction de l’identité d’une institution. Il permet en effet de « nourrir » son l’histoire et de l’inscrire dans une évolution. Ce faisant, un récit de vie institutionnel peut aider à mieux comprendre les valeurs et décisions de cette institution.

Pistes pour réaliser un récit de vie professionnel

Voici quelques éléments à prendre en compte avant de lancer la réalisation d’un récit de vie professionnel.

  • Assurez-vous de la motivation du·de la narrateur·rice : un récit de vie ne peut être réalisé que sur base volontaire !
  • Garantissez un cadre d’entretien clair et sécurisant pour les parties (dimension motivationnelle, méthodologique, déontologique), déterminé au préalable.
  • Il peut y avoir plusieurs narrateur·rices (celui·celle qui parle), et/ou plusieurs narrataires (celui·celle qui écoute), mais il s’agira de ne pas confondre un récit de vie professionnel avec une supervision ou un récit de vie collectif.
  • Les intervenants doivent être bien informés et préparés. La relation entre collègues est à prendre en considération, et le narrataire doit être suffisamment outillé. Souvent, cette intervention est demandée à un tiers « neutre ».

Réaliser un récit de vie institutionnel passe par quelques moments clé :

  • L’entretien de définition du cadre : fixer un cadre clair est indispensable pour éviter les dérapages, garantir les engagements et construire une relation de confiance.
  • Production du récit de vie : cette étape est le moment où l’on écoute le·la narrateur·trice (recadrage uniquement dans les champs du cadre négocié).
  • Déconstruction et analyse du récit de vie : questions de clarification, de complément d’info… et mise en lien avec le contexte institutionnel.
  • Mise en projet : projection du travail sur l’avenir de l’entreprise, de l’équipe… « Comment voyez-vous l’institution dans 5 ans ? »
  • Bilan du travail accompli, émotionnellement également.
  • Retranscription par le « narrataire[2] ». Dans le cadre d’un récit de vie institutionnel, une retranscription écrite est recommandée, sur base d’un enregistrement.

Ce n’est qu’un début !

Les participant·e·s ont exprimé leur enthousiasme pour le récit de vie comme méthode remarquable et bénéfique tant pour l’institution que pour les travailleurs. Plusieurs ont cependant également estimé avoir besoin d’être plus outillés pour pouvoir s’en saisir.

Voilà un chouette défi pour Competentia !

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de nos futures recherches afin de vous proposer des outils concrets.

 

 

 

           

 

 


[1] Marichela Vargas est docteure en psychologie, chargée de cours invitée UCL, consultante aux CPS Histoires de vie UCL, psychologue clinicienne à l'Espace Sémaphore (Centre de psychologie et de sociologie interculturelle).

[2] Le narrataire est la personne qui met en forme le récit.